Après mon master aux beaux arts j’ai créé un atelier ou nous organisions des expositions, il m’a toujours paru important de se fédérer, ceux que je remette souvent aux étudiants, l’image de l’artiste solitaire dans l’histoire de l’art n’est qu’une idée romantique, beaucoup d’artistes connus avaient une vie sociale très riche.
Suite à cet épisode je suis parti vivre en Asie principalement en Corée du Sud pendant quatre ans, la culture asiatique m’a toujours fascinée, l’expression et la representatation de ce qui nous entoure est très différente, dans une majorité des peintures l’essentiel est représentée et non la totalité, chercher a représenter l’essentiel me semble interessant comme position.
Dans le dernier sujet traité avec les 3eme année Bachelor Design de Bellecour, je traite de la fadeur en relation avec le livre de Francois Julien, essayer de se détacher d’un monde d’image en continu et revenir à l’essentiel.
Dessin, peinture, photographie et sculpture : votre création prend corps à travers une grande variété de médiums. Quelles émotions particulières vous apportent chacun d'eux ?
J’aime ne pas être contraint par un moyen expressif mais le medium que j’utilise plus particulièrement est la peinture, et même quand j’utilise un médium autre comme la sculpture ou la photographie le sujet reste principalement la peinture.
En quoi l'horticulture, votre premier champ d'exploration, continue-t-il de nourrir votre production ?
La nature a depuis toujours pris une part importante dans ma vie. Originaire de Toulon, petit, j’étais continuellement à la mer, je rêvais d’être océanographe.
Avant les beaux arts, j’ai fait un bac professionnel en horticulture. Pendant longtemps je n’étais pas fier de cette formation. Ce n’est qu’en 5eme année que j’ai réussi a l'assumer, après avoir expérimenté et me rendre compte qu’elle m’avait finalement toujours servi a construire ma recherche plastique. Explorer le motif et sa répétition à travers le végétal est une source assez inépuisable pour moi.
Quels sont les artistes qui vous inspirent ?
Des artistes comme Christopher Wool ou John Divola … m’ont permis de me construire. D’une part la peinture de Christophe Wool, très brute, a reussi, à l’instar de Basquiat de ramener l’énergie de la rue dans les galeries. John Divola, intervenait dans les lieux abandonnés et délabrés. Ce jeu entre l’intérieur et l’extérieur me plaisait et j’ai moi même travailler à la peinture de motifs, parfois désuets, empruntées à la tapisserie, en extérieur, dans des zones et lieux laissés en décrépitude.
Apres quelques années, des artistes comme Anne-Laure Sacriste, Didier Marcel ou Mark Manders m’ont permis de préciser une recherche : ce qui m’a intéressé chez eux, c’est moins chacune de leur œuvre que la cheminement de leur travail, son évolution et sa cohérence malgré une complexité apparente. La qualité et la précision de leurs expositions, permettant aux visiteurs de vivre une réelle expérience m’a également rendu plus attentif à la mise en espace de mon propre travail.
Aujourd’hui, je dirais que je suis plus influencé maintenant par les amis peintres : le lien aux autres est très important, et le réseau fait partie intégrante de l’art et de la carrière de l’artiste. Comme Matisse et Bonnard, il y a une relation d’admiration et la proximité aide a faire des choix.
Le nuancier Chromatic vous a dédié une couleur. Comment est né le noir Houvert ?
En 2016, j’ai organisé une exposition Chez Néon un centre d’art à Lyon, cette exposition s’appellait les tournesols en référence à Van Gogh.
Dans cette exposition j’utilisais certaine couleurs du nuancier Chromatics, des jaunes. Dans leur nuancier toutes les couleurs ont des noms et non des chiffres et les jaunes des noms de grands peintres. Ce qui m’intéressait c’était le rapport grande distribution BTP et oeuvres d’art.
J’ai peints plusieurs murs dans des nuances de jaune Monet, Turner et Mondrian. Suite a ça, l’équipe marketing est venu me voir à Lyon...
Comment s'est construit votre ouvrage ? Pouvez-vous nous expliquer sa genèse et sa structure.
Dans la douleur comme beaucoup de livres et surtout quand c’est le premier ouvrage.
Cet ouvrage est né d’une volonté de la DRAC d’aider un artiste dans sa carrière professionnelle et j’ai eu le plaisir d’être contacté et soutenu. Le plus difficile a été de trouver un éditeur dans une relation tripartite qui implique que chaque partie soit à l’aise à travailler avec l’autre.
Enfin, la construction de l’ouvrage a nécessité de faire beaucoup de choix et d’arbitrages (sélectif ou représentatif de l’œuvre global, chronologique ou thématique...etc)
Vous êtes également enseignant. Comment cette activité s'articule autour de votre production ? Qu'appréciez-vous dans la transmission et l'échange ?
Ce qui m’intéresse c’est de permettre aux étudiants d’initier un travail personnel et une singularité qui lui soit propre et plus tard je l’espère, identifiable.
Leur partager les travaux d’artistes qui me semblent inspirants, les faire réfléchir sur les débats que soulèvent la création artistique est très Intéressant.
Enfin c’est d’autant plus intéressant de travailler sur les arts plastiques dans un cursus d’application (que ce soit la mode ou le design d'espace)
Certains étudiants ont des travaux très aboutis, avec un univers déjà complexe, et je suis nourri aussi de ce qu’ils peuvent me partager.
Quels sont vos futurs projets ?
Il y a eu certains report et ajustements du fait de la crise : je démarre une exposition à L’orangerie du parc de la tête d’or à partir du 3 juin (jour du vernissage) au 13 juin et normalement en septembre une exposition au centre d’art la halle des bouchers à Vienne.
Merci beaucoup Nicolas pour cette interview.
/ Frédéric HOUVERT